Il est quelque peu difficile d’introduire un billet final, peut-être le dernier de mon blog ! Si l’expérience dans son grand ensemble (blog, discussion et lectures) a été de courte durée elle n’en n’a pas moins été intéressante, et je ne peux me détacher d’une impression de nouveauté, un terme qui résume pour moi ce séminaire, ses applications et ses enjeux. La méthodologie de ce séminaire et son sujet : la Digital History, ont été deux choses nouvelles pour moi. La création du blog par exemple s’inscrit dans une pratique du séminaire innovante, tranchant avec les soporifiques cours magistraux/séminaires que j’ai eu l’habitude de fréquenter. Le partage avec les autres participants du séminaire de nos découvertes via Twitter ou Zotero sont aussi une façon nouvelle pour moi d’enrichir ma connaissance et ma perception du travail collaboratif (même si l’expérience aurait pu être encore plus poussée). Parcourir les pages Web, twitter ou tester des nouveaux outils multimédia favorise le plaisir et l’assiduité de l’étudiant chercheur. Mais, effectuer ce type de travail sur le long terme n’entraîne-t-il pas un certain désenchantement ? L’étudiant, de lui-même, va-t-il rester dans cette pratique ? Si mon expérience a été trop courte pour en témoigner, je ne peux m’empêcher de penser que la nouveauté laissera place à l’habitude. Je crois en effet que ce type d’expérience peut devenir une façon durable de concevoir son travail, le rendant accessible aux autres et au retour critique. L’étudiant peut ainsi sortir d’une pratique (à son niveau) anonyme et solitaire de l’histoire pour atteindre un ensemble de connaissance et de partage favorable à la réflexion. Je n’aurais jamais eu ce type de raisonnement sans ce séminaire qui m’a fait découvrir la Digital History et ses questionnements.
J’ai tout d’abord été impressionné par la vivacité de ce champ de l’histoire. Il y’a une véritable remise en question historiographique et méthodologique. La Digital History est comme un nouveau chemin. Les anglo-saxons en sont par ailleurs les pionniers, ils débattent beaucoup plus du sujet, en témoigne par exemple la totalité des articles que nous avons étudiée, rédigés en anglais. Ce mouvement historiographique leur appartient dans le domaine de la réflexion mais aussi de la réalisation de projets, comme nous l’a fait découvrir ce séminaire avec les missions sur différents projets utilisant ou non les outils du Web 2.0. Le point important que j’ai relevé est la prudence des penseurs de la Digital History, il y’a un sentiment général d’optimisme mais mêlé de prudence. On se rend bien compte que la façon de faire l’histoire est en train de changer ! C’est ce changement qui entraîne une grande réflexion afin de préparer une « bonne » façon de faire l’histoire. Les nouveaux outils technologiques influencent la recherche, ils permettent à certains précurseurs de créer des projets novateurs qui vont eux-mêmes donner des idées aux futurs chercheurs. D’ailleurs ces futurs chercheurs doivent être initiés à la Digital History et à ses méthodes de travail et de réflexion dès le début de leur formation (à l’université). En fait, ce qui existe sur le web, en matière d’histoire, invite ceux qui veulent franchir le pas à le faire, augmentant continuellement la masse de connaissance et donnant à d’autres le goût de ce type de travaux. Il faut faire connaître cette possibilité de recherche, de publication, au plus large nombre possible. Car c’est l’essence même du Web, plus de monde l’utilise, plus il devient efficace.
Mais la découverte de la Digital History a aussi fait naître en moi quelques réticences. Tout d’abord j’appréhende le tout numérique dans le domaine des archives ! D’abord à cause d’une préférence personnelle en ce qui concerne le « toucher », j’aime sentir le document, et j’ai toujours préféré fouiller un carton que passer des microfilms. Mais cette considération ne pèse pas lourd face à l’argument de poids de la numérisation : l’accessibilité. Le Web est capable de faire sauter les barrières géographiques, et dans un futur proche, l’historien aura accès rapidement, et en même temps, à des archives du ministère des affaires étrangères et aux archives du Times. Cette numérisation globale a un coût mais elle appartient à un idéal de justice devant l’accès à la culture et à l’information qui fera certainement franchir le pas aux administrations. Mon appréhension vient aussi d’une peur de voir disparaître les petites sources, les collections privées, dans les travaux des historiens. En effet, un historien qui aurait assez de matière numérique pour écrire son article ne se donnera pas la peine d’aller « enquêter physiquement ». Il passera ainsi à côté de certaines sources qui n’ont pas la possibilité d’être numérisées. Peut-être influencé par Arlette Farge, j’ai peur que l’historien perde « le goût de l’archive » et perde cette notion d’explorateur qui le différencie des autres chercheurs en sciences humaines.
Au final ce séminaire a été pour moi une expérience nouvelle et enrichissante. Une expérience humaine et numérique qui m’a enrichi d’une perception nouvelle de la façon de faire l’histoire et d’utiliser le Web. Je ne pense pas mettre ces technologies au service de mon projet de M2, mais il semble inévitable que mon itinéraire de chercheur en histoire recroisera le chemin des entités numériques.